VIDÉOS
  • Prochain live : chaque mardi à 20h30

Une ville et ses films: Chicago

Chicago: "Windy City", "The Second City", "City in a Garden", "The Big Oignon", "Toddin’ Town", "The Paris of the Prairie"… la capitale de l’état américain de l’Illinois au large du lac Michigan est affublée de nombreux surnoms. Elle dispose en effet de multiples facettes. Elle est associée à la prohibition et Al Capone. Son orchestre symphonique est de réputation mondiale. Le blues fait aussi partie de son héritage musical. Mc Donald’s y a son siège social. Détruite en 1871 par un incendie, elle s’est réinventée et a donné naissance aux gratte-ciels à structure métallique. Etc, etc.

Ce sont les films auxquels la ville est associée que nous allons évoquer. Comme pour les articles précédents consacrés à Paris, Tokyo, Londres, New York, Montréal et Vienne, leur sélection est arbitraire. Pas de "Top" quelconque, seulement des coups de cœur qui collent à la ville.

 

Public Enemies (2009) de Michael Mann avec Johnny Deep, Christian Bale, Marion Cotillard

Le crime organisé a toujours entaché l’image de Chicago: prostitution, contrebande d'alcool, racket, assassinats… Les années 1920 et Al Capone y sont pour beaucoup mais ce sont les gangs qui font dorénavant la loi de la rue. De nos jours, Chicago fait encore partie des grandes villes américaines dangereuses. Si on ne se fit qu’au nombre de meurtres par an, elle est peut-être loin derrière Saint Louis et Détroit mais largement devant New York, Los Angeles et Houston.

Le cinéma s’est intéressé plus d’une fois à cette triste caractéristique de la ville: le Scarface de 1932, Le Gangster de Chicago (1940), Les Sentiers de la Perdition (2002) et tous les films et séries dédiés à Al Capone dont Les Incorruptibles de Brian De Palma (1987). Public Enemies de Michael Mann en est un autre exemple. Ses histoires de gangsters se sont déroulées dans d’autres villes américaines comme Los Angeles (Heat avec Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer et Collateral avec Tom Cruise, Jamie Foxx) ou Miami en Floride (Miami Vice avec Colin Farrell et à nouveau Jamie Foxx). Mais dans Public Enemies, ce natif de Chicago retrouve sa ville. Il emprunte aussi des lieux de tournages aux villes et états voisins, Oshkosh et Milwaukee dans le Wisconsin notamment, que nous omettrons sciemment.


Billie et John à la sortie du Aragon, après avoir dansé sur Bye Bye Blackbird interprété dans le film par Diana Krall

Le film nous décrit les affres de gangsters chicagoans (si si): John Dillinger (Johnny Deep), Baby Face Nelson (Stephen Graham), Pretty Boy Floyd (Channing Tatum). A leur poursuite, Christian Bale incarne un agent du FBI, à l'époque en pleine transformation sous la ferule de J. Edgar Hoover. Leur confrontation se déroule de manière plus ou moins fidèle à la réalité historique mais peu importe. Parmi les lieux de Chicago visités par les protagonistes, on note le centre correctionnel de Joliet (également utilisé dans Les Blues Brothers de John Landis en 1980 et dans la première saison de la série Prison Break en 2005), la boite de nuit Aragon sur Lawrence Avenue, LaSalle Street, l’Auditorium Theater sur Congress Parkway, East Washington Street où se trouve le bureau du FBI et différents cinémas de la ville.


Scène finale: le Portage Cinema, North Milwaukee Avenue, où John Dillinger regarde Manhattan Melodrama, un film de gangsters de 1934 avec Clark Gable et William Powell


Scène finale: à l’extérieur du cinéma Biograph au 2433 North Lincoln Avenue, où l’histoire touche à sa fin

Public Enemies rend aussi hommage aux voitures de l’époque et à l’arme d’assaut privilégiées des gangsters: le fusil mitrailleur Thompson doté à d’un chargeur de 50 munitions en forme de camembert. Cette arme est à ce point associée à la ville et ses mœurs qu’elle fut surnommée le "Chicago Piano" ou le "Chicago Typewritter".

 

I, Robot (2004) de Alex Proyas avec Will Smith, Bridget Moynahan, Bruce Greenwood

Le réalisateur de The Crow (1994), Dark City (1998) puis de Gods of Egypt (2016) a réalisé une interprétation très convainquante de l’œuvre d’Isaac Asimov. Elle met en scène les interrogations des humains face à la technologie qu’ils inventent et tentent de maitriser. Le film avait été l’un des champions du box-office avec une recette mondial de 347m$, a priori dans le Top 20 de l’année 2004. On parle même d’un I, Robot 2 à venir, mentionné par IMDB sans plus de précision.

Will Smith y joue le rôle de Del Spooner, officier de police de Chicago technophobique, dans l’un de ses meilleurs rôles. L’histoire se déroule en 2035 et offre des perspectives intéressantes sur le futur de l’architecture de la ville. Chicago n’a été que partiellement le lieu de tournage du film et différentes villes canadiennes comme Vancouver et New Westminster ont dû se muer en ville américaine à grand renfort de CGI. Sa ligne d’horizon évolue finalement peu, en gagnant seulement quelques centaines de mètres de hauteur et des lignes plus élancées. Le film n’oublie pas les quartiers populaires du Chicago futur ou ses quartiers résidentiels luxueux néo-Victoriens dont les bâtiments sont en brique.



Le Chicago du futur dans les airs...


...et sous sa ligne de train


Les quartiers populaires...


... et luxueux (avec les remerciements d'Audi)

 

High Fidelity (2000) de Stephen Frears avec John Cusack, Iben Hjejle, Jack Black et Catherine Zeta-Jones

Plusieurs œuvres de Nick Hornby ont eu le droit à leur adaptation sur grand écran: About a Boy en 2002 (évoquée ici même), A Long Way Down en 2014 et High Fidelity. Alors que ses histoires se déroulent à Londres, cette dernière a été américanisée et campée à Chicago.

Le Championship Vinyl, magasin de disques du personnage principal Rob, interprété par John Cusack, est situé à proximité de l’ile artificielle de Goose Island, quartier devenu "bo-bo". Cusack et les co-producteurs & co-scénaristes du film Steve Pink and D.V. DeVincentis sont tous des natifs de Chicago. Ils ont inséré dans le film leur propre expérience et de multiples lieux et détails intéressants. Certains albums dans les baquets du magasin ou les t-shirts portés par les personnages font référence à la scène musicale de la ville: les groupes The Index, Apocalypse Hobokenn, Pailhead, Veruca Salt; les lounges musicaux comme Schubas, Green Mill et le Double Door où Barry (Jack Black) interprète "let’s get in on" de Marvin Gaye; aussi le Lounge Ax et le Take Five fermés depuis. La BO du film est bizarrement dépourvue de groupes chicagoans.


Numéro 4 dans la liste des 5 plus grandes ruptures de tous les temps et au loin, Chicago

Sa rupture avec Laura (Iben Hjejle) fait remonter l'histoire amoureuse personnelle de Rob. Il égrène ses Top 5 tout le long du film, musicaux mais pas seulement. Sa liste de films préférés est tout à fait respectable: Blade Runner, Cool Hand Luke (avec Paul Newman), les deux premiers Parrains (« qui ne comptent que pour un »), Taxi Driver, The Shining. Il s’adresse aux spectateurs en toute confidence et brise le 4ème mur, dit-on. Le procédé fonctionne à merveille mais High Fidelity n’est pas uniquement touchant et drôle. Les personnages secondaires, tant féminins que masculins sont très réussis. Catherine Zeta-Jones joue la séductrice superficielle à merveille et Todd Louiso, le candide comme peu.


Excellent trio d'acteurs en hommes immatures: John Cusack, Todd Louiso et Jack Black

 

The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan avec Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart et Gary Oldman

Considéré à juste titre comme un excellent film en plus d’être l’un des films de super-héros les plus réussis à ce jour, The Dark Knight de Christopher Nolan met à l’honneur quatre lieux: un écran vert quelque part dans le monde, Hong Kong, Londres et Chicago, déjà très présent dans Batman Begins. La ville américaine se prête bien à l’exercice. A de nombreuses époques, son passé criminel aura mérité un justicier masqué, tout comme Gotham. Pour preuve, le film débute sur le cambriolage d’une banque (évidemment). La scène a été tournée au 433 West Van Buren Street, dans l’ancienne poste centrale de la ville.

L’urbanisme vertical de la ville est mis en valeur. Les tours de la ville offrent à la fois des points de vue impressionnants et les rues qui les séparent sont des lieux oppressants où le Joker et le Batman peuvent frapper sous n’importe quel angle. Un documentaire en fait la liste. Attention, spoilers.

Parmi les trois les plus remarquables, on notera le sommet de la Willis Tower aussi appelée Sears Tower d'où Batman contemple la ville corrompue, la rue South LaSalle où le Joker et Batman se font face, la remontée en Lamghorghini des lignes surélevées du train rapide de la ville dit « L », notamment le long de Franklin Street et Lake Street.

 

Un Jour sans Fin (1986) de Harold Ramis avec Bill Murray, Andie MacDowell et Stephen Tobolowsky

Punxsutawney en Pennsylvanie, USA. Nous sommes à plusieurs centaines de kilomètres de Chicago et à des années lumières de la grande ville américaine, faite d’acier et de verre, diriez-vous. Et bien, pas exactement. Dans la célèbre comédie avec Bill Murray, Un Jour sans Fin, Harold Ramis (réalisateur de Mafia Blues en 1999, scénariste et acteur dans les deux Ghostbusters des années 80) situe la bourgade dans l’Illinois. Les villes dans lesquelles le film a été tourné sont Woodstock, Rockford, Waukegan et Algonquin, toutes à une heure de route de Chicago. Autant dire, sa grande banlieue.


Rencontre avec Ned, le vendeur d'assurances-vie sur Cass Street à Woodstock

On est loin des scènes de crimes Al-Caponesques qui collent à Chicago. Punxsutawney est connue pour ses célébrations du jour de la marmotte. Bien malgré lui, Phil, présentateur de la météo, doit faire un reportage dans ce village pittoresque sur le sujet. A son réveil, cette même journée débute à nouveau. Rien n'a changé, l'hôtel Pennsylvanian (en réalité l'opéra de la ville de Woodstock, construit en 1889) est toujours le même, et pourtant. Phil est seul conscient d’avoir déjà vécu les mêmes événements, la veille. Et la situation se répète encore et encore laissant au personnage tout le temps de poursuivre son chemin initiatique, en un seul jour et un même lieu.


Oui, Phil l'arrogant sait finalement sculpter sur glace

Le film est excellent, bien joué, émouvant. Le village dans lequel Phil tente de rompre le cycle répétitif de sa vie a même un certain charme. Une grande partie du film a été tournée autour de sa place principale, Woodstock Square, et c’est à peu près tout. Il rappelle aussi que l’image hi-tech des Etats-Unis qu’Hollywood aime mettre en avant est bien loin d’être une généralité. Elle est bien souvent fabriquée par l’industrie cinématographique elle-même. L’agglomération de Chicago est à la fois une ville moderne, le siège de nombreuses corporations technologiques (Boeing, Motorola, Baxter), une place financière importante mais aussi la capitale d’un grand état agricole, second producteur américain de maïs.

 

Cette courte sélection de films mettant en avant Chicago touche à sa fin. A vos commentaires et à bientôt, pour de nouvelles découvertes.

 

Portrait de MarquisDaily
MarquisDaily

Cinéphile, photoshoppeur et rédacteur en herbe

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire