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Platinum End, le nouveau Death Note?

Le duo de mangakas Tsugumi Ohba (au script) et Takeshi Obata (à la plume) n'est plus à présenter. Auteurs de Death Note, incontournable du shônen thriller, puis de Bakuman, œuvre rare sur le thème de l'industrie du manga japonais, ils rempilent ainsi une troisième fois avec Platinum End. Cette série est prépubliée au Japon au format mensuel avec donc des chapitres moins nombreux mais plus denses (une quarantaine de pages). Le premier tome est sorti le 25 Mai chez Kazé.

En un mot ? Ce manga est particulier...


La couverture du premier tome, tout en contraste.

Il y a énormément de choses à dire sur ce premier tome, mais abordons d'abord l'aspect le plus simple à traiter: le graphisme. Dieu que ce manga est beau. Obata prouve encore une fois avec Platinum End son statut de cador dans sa profession d'illustrateur. Des arrière-plans aux personnages, tout est extrêmement soigné dans un style graphique ultra-fin. Même dans les scènes les plus graves, cette légèreté du trait vient parfaitement contraster l'encrage, lui beaucoup plus pesant. Le découpage des cases, les lignes de dynamisme et les trames: tout est très efficace et vient se mettre au service de la mise en scène.

Le design des personnages est très semblable à ce qu'Obata a pu faire précédemment, surtout au niveau des visages. Toutefois, l'ensemble reste très, très bon. On notera notamment la qualité des designs des anges et des costumes.


On vous avait prévenu: c'est beau ! 

Alors là, vous, lecteurs, avez sûrement levé un sourcil. Des anges ? Des super-héros ? En effet, Platinum End se démarque par son histoire, et encore plus par son exécution. L'histoire de Platinum End s'annonce d'emblée très, très sombre. En effet, le manga commence par la tentative de suicide du personnage principal, Mirai, un jeune lycéen maltraité par sa famille. Il est cependant sauvé par un ange, Nasse. Celui-ci lui propose de retrouver le bonheur à l'aide de pouvoirs angéliques, une paire d'ailes, des flèches magiques et la chance de devenir Dieu… si il parvient à trouver et tuer les douze autres élus des anges, eux-aussi candidats pour remplacer Dieu.

Cependant, malgré son potentiel, le concept est mal exécuté. Platinum End ressemble juste à Death Note, mais en moins bon. Mirai, introduit comme une autre lecture de Light, se révèle être un personnage médiocre. Ses convictions non violentes qu'on croirait inspirée de Ghandhi sont invraisemblables, en elles-mêmes et dans leur justification. Son histoire tragique (sa famille décédée, il est recueilli par son oncle et sa tante qui le maltraitent - paye ta référence à Harry Potter), censée lui donner de la profondeur, le rend pitoyable, sans plus. De même, l'ange Nasse fait pâle figure face à Ryûk, le dieu de la mort de Death Note. Et on ne s'étendra pas sur le personnage principal féminin qui se présente comme un love interest, ironiquement sans grand interêt.

Enfin, et c'est le plus décevant, ces personnages sont entraînés dans un jeu du chat et de la souris contre les autres candidats au titre de Dieu. Cependant, leur inaptitude fait perdre de sa saveur à l'intrigue. Ce qui devait être une chasse à l'homme se retrouve réduit à un cache-cache rendu inutilement complexe avec l'ajout de super-pouvoirs et de costumes dignes des Power Rangers.

Au final, on a affaire avec Platinum End à un manga qui avait énormément de potentiel, mais qui fait un départ difficile à cause de quelques choix douteux en matières de "storytelling". Ce shônen n'est néanmoins pas sans espoir. Les pouvoirs angéliques donnent lieu à de l'action décente et à certains visuels qui valent vraiment le détour. On a donc affaire à un manga qui a encore tout à prouver... A suivre, à vos risques et périls !

[Spoiler Alert : ça s'améliore, mais ça reste laborieux.]

 

Portrait de Gaerynn
Gaerynn

Rédacteur avide de manga, comics et de pop culture en général. Bow-ties ares cool.

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