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Tous contre Netflix : quel avenir pour la svod ?

Netflix continue tranquillement sa croissance mondiale et gagne toujours plus d'abonnés et de territoire. Pourtant, Disney et d'autres majors viennent secouer le petit monde de la svod en annonçant vouloir lancer leur propre service.

Netflix, l'homme à abattre

Aujourd'hui, Netflix est LE géant des services de vod légaux. Ses atouts : 128 millions d'abonnés à travers le monde, une couverture quasi mondiale, des applications pour la plupart des plateformes, des milliards dépensés en créations originales, beaucoup d'acquisitions (de films et séries) et des diffusions de séries américaines en quasi simultané.

Cependant, Netflix a beau dominer le match, il reste malgré tout très fragile. En effet, son pari a été de s'endetter à coup de gros investissements annuels, aussi bien en créations de contenu (avec des séries coûtant parfois plus de 100 millions) mais aussi en acquisitions et partenariats. On parle d'une dette qui s'élève à 20 milliards de dollars. Le but ? Créer assez de contenu pour que Netflix accumule toujours plus d'abonnés et un jour, repasser au vert avec une bibliothèque des plus conséquentes.


Ted Sarandos, l'homme qui gère le contenu disponible sur Netflix

Ted Sarandos, l'homme qui gère le contenu de Netflix, savait que viendrait le jour où des studios comme Disney et Fox retireraient leurs produits de son catalogue. C'est l'une des raisons pour laquelle il a commencé à investir agressivement sur ses propres créations. Netflix devrait s'en sortir plus que correctement, même sans les majors, en continuant de signer des producteurs et créateurs importants comme Shonda Rhimes (Grey's Anatomy, Scandal) et des accords avec Chuck Lorre (The Big Bang Theory, Mon Oncle Charlie). Et si les majors veulent se lancer dans le streaming, Netflix restera une des plus belles vitrines pour les chaînes et studios plus modestes.

Disney pour tout chambouler ?

Pour ceux qui ne le sauraient peut-être pas, en plus de sa large bibliothèque de films d'animation et licences, Disney c'est aussi Pixar, Lucasfilm (Star Wars, Indiana Jones) et Marvel. De quoi donc fournir une plateforme de streaming plus que correcte et faire trembler toute la concurrence lorsque Mickey et ses amis y proposeront des séries et films produits pour leur plateforme. 

Disney est ambitieux, très ambitieux. En plus de proposer des créations originales sur ses licences fortes (aussi bien films que séries), le studio s'intéresse depuis quelques semaines à la 21st Century Fox. La Fox avait également fait savoir qu'elle souhaitait créer son service de vod. A travers cette acquisition estimée entre 40 et 60 milliards de dollars, Disney intégrerait sous son égide les studios de films et séries (Disney récupérerait donc les X-Men et les 4 Fantastiques pour Marvel ainsi que des droits sur Star Wars : Un Nouvel Espoir), les chaînes FX, National Geographic, des chaînes de sports régionales mais surtout les parts d'Hulu détenue par la Fox. 


Sous le règne de Bob Iger, Disney a racheté Pixar, Marvel, Lucasfilm... et bientôt une partie de la Fox ?

Hulu est une plateforme de streaming américaine seulement disponible aux Etats-Unis et au Japon. Affichant un peu plus de 30 millions d'abonnés, Hulu produit également des séries dont 11.22.63, The Handmaid's Tales et Runaways. A ce jour, Hulu est détenu par quatre groupes : Comcast, Fox et Disney possèdent chacun 30% et Warner Bros. les 10% restants. Mais Disney n'est pas le seul intéressé puisque Comcast est également parmi les prétendants au rachat de la Fox.

Disney pourrait se retrouver avec 60%, une part majoritaire, et plusieurs solutions. La première, pousser tout son catalogue sur Hulu pour profiter de ses abonnés et espérer que les deux autres actionnaires continuent d'y proposer des films et séries. La seconde, ne diffuser sur son nouveau service que ses licences maisons (Marvel, Star Wars, Pixar, Disney Animation, ..) et le reste de son catalogue sur Hulu, à savoir toutes les nouvelles licences rachetées à la Fox. 

Warner, diviser pour mieux régner ?

La Warner songe aussi à lancer son propre service de streaming, ou plutôt ses propres services. La Warner en possède déjà un pour sa filiale HBO (HBO Go aux USA et d'autres pays a travers le monde). Bien que HBO ne couvre pas la terre entière, la chaîne câblée peut compter sur des distributeurs locaux pour faire le travail. Il n'est toute fois pas à exclure qu'elle ne renouvelle pas ses partenariats pour conquérir plus de marchés, comme Netflix lors de son arrivée en Europe. Warner prépare également un autre service consacré à DC Comics, qui accueillera entre autre la série live Titans et le retour de la série d'animation Young Justice.

Quel modèle économique ?

Si le problème d'éparpillement des œuvres fait couler beaucoup d'encre, l'autre cheval de bataille est le montant final qu'il faudra débourser mensuellement pour couvrir ses nombreux abonnements. Sur Netflix, c'est simple : 3 abonnements de 7.99, 10.99 et 13.99€ du plus basique au plus complet. 

Chez Amazon, le service Prime Video s'inscrit dans une offre plus complète (livraison rapide, bibliothèque Kindle, stockage dans le cloud, ventes flash et autres réductions réservées aux abonnés), le tout pour 48 € par an, 24 € pour les plus jeunes. Amazon propose sans aucun doute l'offre la plus complète mais son service vidéo n'est peut-être pas des plus attrayants. Cependant, Amazon compte développer une série basée sur Le Seigneur des Anneaux qui pourrait propulser le service vers les sommets, comme Netflix grâce à House of Cards. En outre, les abonnés Prime reçoivent une réduction d'environ 20€ sur le service Amazon Music (9,99 €/mois).

Chez Disney, Bob Iger promet un prix plus bas que celui de Netflix, qu'il explique par le fait que son service sera bien moins volumineux que celui de son concurrent, mais aussi que l'objectif premier sera d'attirer un maximum d'abonnés par des tarifs attractifs.

Un autre acteur qui se fait attendre dans le grand bal du streaming est Apple dont on attend toujours des annonces concrètes pour ses envies de productions. Avec Apple Music, le géant américain de l'informatique pourrait également proposer une offre musique/films/séries des plus attractives.

Vers l'évolution naturelle de la télé ?

Aujourd'hui, la télévision s'axe sur les chaînes gratuites et les divers bouquets et chaînes câblées payantes. Le sport a lui aussi subit une petite révolution avec l'arrivée de BeIN qui a tout raflé sur son passage (notamment en Espagne et en France). On peut y voir une multitude de sports pour 15€ par mois et l'offre gratuite laisse peu de contenus aux fans de sport(s).

A côté de cela, on assiste à l'émergence des « smart TV ». Elles embarquent bon nombres d'applications, dont Netflix & cie. Egalement, les appareils externes permettent de regarder du contenu sur sa télé (Chromecast, Apple TV, Xbox One, PS4, ...) et de s'affranchir de la box fournie par son fournisseur d'accès à Internet.

Résultat, les consommateurs choisissent librement comment consommer les médias. Ceux qui le souhaitent peuvent donc souscrire à Internet et abandonner la télévision traditionnelle, le tout en souscrivant à divers offres. Et s'il est compliqué de partager un compte Amazon, un compte Netflix lui, se partage aisément, et voit sa facture facilement être divisée par 4.

Le public sort-il grand gagnant de cette histoire ?

Le spectateur paye-t-il tout ce qu'il consomme ? Rarement. Et s'il sera dommage de voir disparaître du contenu de Netflix, pendant que l'abonné continuera d'y apprécier les « Netflix Originals », il pourra également profiter des séries et films originaux que les concurrents proposeront sur leur plateforme. La concurrence ne pourra pas se reposer sur son catalogue passé et devra y proposer du contenu original, comme c'est le cas de la Warner avec la série Titans. De son côté, Disney promet des films et séries basés sur Star Wars, Pixar et Marvel. Et depuis que Netflix investit dans des séries par paquet de 100 millions, tout le monde devra sortir le chéquier pour diffuser du contenu de qualité qui attirera le spectateur payant et ravira le pirate.

Si tous ces services devraient être lancés entre 2018 et 2019, rien ne garantit encore qu'ils seront disponibles en Europe dès le premier jour. Qui plus est, au fil des années, Disney & cie ont conclus de nombreux accords avec différentes chaînes européennes pour y diffuser leurs films et séries. 

Et vous, que pensez-vous de cet éclatement des catalogues de contenus ? Êtes-vous enclin à utiliser différents services ?

 

Crédit : photo de Ted Sarandos pour The Hollywood Reporter, par Robyn Twomey.

Portrait de Medjaii
Medjaii

« Make ten men feel like a hundred. » Rédacteur

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