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La NBA G League : l'autre championnat pro américain

La NBA est une ligue de joueurs d'élite que peu rejoignent. Seulement trente équipes y participent et forcement, on compte beaucoup de prétendants et peu d’élus. L'origine des joueurs varie mais pour faire simple, on compte trois sources principales : les universités américaines (s'ils y jouent au moins une année, la règle controversée du "one-and-done" s'appliquant), les lycées (avant l'instauration d'un âge minimum de 19 ans en 2006, là encore, sujet à débat) et les championnats internationaux.

Le mécanisme d'entrée dans la NBA est la Draft, la sélection annuelle organisée à l'intersaison. Elle permet aux équipes les moins bien classées de la saison passée de sélectionner les meilleurs prospects. Les joueurs déclarés à la Draft mais boudés par les équipes lors de deux tours de sélection deviennent "agents libres sans restriction" et peuvent être embauchés si une place se libère dans une équipe.


23 équipes de G League, d'autres vont naitre comme les Capital City Go-Go, associés aux Washington Wizards en 2018

Cette approche renvoit le développement des joueurs à des ligues sur lesquelles la NBA n'a pas d'emprise directe. Les scandales de corruption qui secouent la NCAA montrent qu'Adam Silver, le commissaire de la NBA, ne peut plus s'en contenter. En 2017, il a donc transformé sa ligue mineure pour offrir des opportunités de recrutements plus variées à ses équipes. Désormais elle s'appelle la NBA G League, G pour Gatorade, son sponsor principal. Cette nouvelle appellation s'est accompagnée de changements importants sur les contrats que peuvent signer les joueurs. En octobre de chaque saison, à la fin des camps d'entraînement, une équipe peut réduire son effectif de 20 à 15 tout en conservant une relation avec les cinq joueurs qu'elle libère : quatre au plus peuvent devenir "affiliés" et être éligibles à n'importe quelle équipe de la NBA en tant d'agents libres ; deux joueurs supplémentaires peuvent signer un contrat double leur permettant de jouer dans la ligue de développement et, à la demande de son équipe NBA associée, dans la cours des grands (et avec un salaire adapté, respectant ses règles).

Ainsi, la plupart des équipes de la NBA disposent d'un équipe affiliée de la G League. Plongez vous dans la liste et vous découvrirez un monde parallèle dont les équipes portent des noms curieusement familiers, arborent des logos reconnaissables et pourtant bien différents. Dans cet univers familier et déroutant, les Knicks (de Westchester) sont en tête de classement et ont le même pourcentage de victoires que les Spurs (d'Austin). Les Warriors (de Santa Cruz) ont fini la saison 2017-18 sous le seuil de 50% de victoires. Les Reno Bighorns associés aux Kings de Sacramento ont terminé la saison en 2eme position de la conférence ouest. On croit rêver.

Le championnat compte 26 équipes. 12 sont sélectionnées pour les Playoffs. Ils ont d'ailleurs débuté et son format est brutal : éliminations simples jusqu'à en finale de conférence, puis "best-of-three" pour la grande finale. Voici la situation à ce jour :


Une finale entre les deux champions des conférences est et ouest est encore possible : Spurs v Knicks

D'autres surprises attendent ceux qui prêtent attention à ce championnat pour la première fois. On y retrouve des visages familiers. Par exemple, Malik Rose, ex-ailier des San Antonio Spurs et New York Knicks, double champion NBA, est actuellement directeur général des Erie Bay Hawks, affiliés aux Atlanta Hawks et a été élu "Executive de l'année 2018". Le coach des Raptors 905 n'est autre que Jerry Stackhouse. L'arrière des Sixers, Pistons, Mavericks a été assistant coach des Raptors de Toronto puis a pris la tête de leur équipe affiliée dans la G League en septembre 2016. Il était coach de l'année 2017 et se bat cette année pour conserver le titre remporté par les Raptors 905 la saison passée.

Sur les médias sociaux, la G League célèbre les joueurs issus de ses rangs, devenus titulaires d'une équipe de la NBA, ses "alumnis" : Josh Richardson (Miami Heat), Marcus Smart et Terry Rozier (Boston Celtics), Trey Burke (New York Knicks), Ersan Ilyasova (Philadelphia 76ers), Jonathon Simmons (Orlando Magics), Shaun Livingston (Golden State Warriors)... soit 38% des joueurs de la NBA. Elle fait également la promotion de ses joueurs à contrat double qui entrent et quittent la NBA, selon des besoins de leur équipe : Quinn Cook (Santa Cruz Warriors / Golden State Warriors), Alex Caruso (South Bay Lakers / LA Lakers), le meneur Lorenzo Brown (Raptors 905 / Toronto Raptors)... "Expérience", "apprentissage", "compétition", "prouver sa valeur"... voilà les expressions que vous lirez sur le site de la ligue, son Instagram ou entendrez régulièrement en regardant les matches. Elle promeut sans ambages le mythe américain de la méritocratie, où tout est possible (à savoir les salaires de la NBA) si on fournit l'effort nécessaire.

Les matches de G League sont diffusés de façon encore confuse : Facebook Live principalement, quelques match sur NBA TV, d'autres sur Twitch. Approche intéressante sur Twitch, la ligue permet à chacun de co-streamer ses matchs. Elle met à disposition un "clean feed". A vous d'y ajouter vos propres commentaires, en direct. La G League se veut aussi être une école d'apprentissage de commentateurs sportifs, semble-t-il.

Après avoir regardé quelques dizaines de minutes d'une poignée de matches, le niveau parait bon : même format qu'un match de NBA, plus de tirs (jusqu'à 95 par match pour les Texas Legends), la même affection pour les paniers à trois points (40 sur 91,5 tirs pour les Northern Arizona Suns). Les défenses semblent un peu plus molles et les écrans moins physiques qu'en NBA mais certaines performances individuelles sont étonnantes, les dunks impressionnants. En somme, si une confrontation Orlando Magics - Phoenix Sun de mi-saison ne vous rebute pas, vous devriez prendre plaisir à regarder la G League.

La NBA est donc en passe de réussir à pallier l'une de ses faiblesses : maîtriser le développement de ses futurs joueurs mais aussi permettre d'entraîner les coaches et arbitres aspirants à NBA et WNBA dans un contexte professionnel. Les cinquante matches de saison régulière de G League et les Playoffs qui s'en suivent n'ont pas à rougir du niveau de jeu qu'ils offrent. La ligue de développement innove par son partenariat avec Twitch. C'est aussi en cela que réside l'attrait de la G League : proposer gratuitement des matches de basketball américain professionnel.

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Portrait de MarquisDaily
MarquisDaily

Cinéphile, photoshoppeur et rédacteur en herbe

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