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Hall of Fame 2016: la NBA honore ses champions

Et si vous receviez une bague pour avoir gagné un championnat? Trop kitch, pour vous? Et pourtant, tant convoitent cette récompense dans le champion de basketball américain NBA.

Et si votre carrière sportive était couronnée par l’inscription de votre nom dans un panthéon? Trop pour vous qui associez ce genre d’honneur à Victor Hugo, Marie Curie, Jean Moulin ou André Malraux?

Il en va différemment de l’autre côté de l’Atlantique. On aime célébrer ses héros et ses stars sur Hollywood Boulevard à Los Angeles pour le cinéma, à Dayton (Ohio) pour l’aviation, à Canton (Ohio) pour le football américain… et à Springfield (Massachusetts) pour le basketball. A chacun sa façon d’honorer les champions d’hier et de transmettre aux générations futurs les souvenirs qui ont fait trembler les stades. Il faut bien reconnaitre que les joueurs retenus cette année au « Hall of Fame 2016 » de la NBA sont à ce point phénoménaux qu’il est impossible de ne pas se réjouir de cette tradition.

Autre qualité de cette célébration de basketball américain, elles incluent joueurs, joueuses, entraineurs, propriétaires d’équipe, arbitres, et de toute nationalité, encore parmi ou à titre posthume. Nous nous intéresserons cependant seulement aux joueurs encore vivants: Sheryl Swoopes, Yao Ming, Shaquille O'Neal, Allen Iverson.

 

Sheryl Swoopes

La bien-nommée puisque « swoop » signifie « fondre » comme « fondre sur sa proie ». Sheryl Swoopes a réalisé l'essentiel de sa carrière avec les Houston Comets avec qui elle gagna 4 championnats entre 1997 et 2000. Elle fut également sélectionnée 6 fois pour les WNBA all-stars, fut 3 fois meilleure joueuse de la ligue, 3 fois meilleure joueuse défensive, 2 fois meilleure marqueuse sans compter 3 médailles d’or aux J.O. Elle est aussi la première joueuse de la WNBA à avoir réalisé un triple double en phase de play-offs (points, rebonds et passes décisives).

Si le basketball américain masculin est reconnu internationalement, on oublie plus rapidement à quel point la WNBA, fondée récemment (1996), est elle-aussi pourvoyeuse de grands talents. Pour preuve, la domination de l’équipe nationale américaine féminine aux J.O. de Rio. Si vous pensiez que la médaille d’or de l’équipe masculine était peu convaincante, celle de l’équipe féminine est indiscutable avec une marge moyenne de 37,2 points par match.

La WNBA manque de reconnaissance. Pour ne citer qu’un exemple des maux dont elle souffre, en voici un: le plafond salarial par équipe est inférieur à 1m$ et le salaire maximum d’une joueuse est d’environ 100 000$ / an. En attendant, Mike Conley (!!) des Grizzlies de Memphis va gagner 26,5m$ l’an prochain, soit plus que la masse salariale totale des joueuses des douze équipes WNBA. De nouvelles négociations devraient réparer l’injustice de cette ligue encore jeune dont la première joueuse sous contrat fut… Sherly Swoopes.

 

Yao Ming

La Chine n’est pas seulement un géant démographique et économique. Ce pays a été également capable d’aligner trois joueurs de plus de 2,10m dans son équipe nationale. Ce fut le cas au début des années 2000 avec Wang Zhizhi, Mengke Bateer et Yao Ming. Ce dernier à 2,29m avait déjà gagné le championnat de Chine avec les Shanghai Sharks dont il est maintenant le propriétaire. Arrivé aux Etats-Unis en 2002 et drafté en première position par les Houston Rockets, ses débuts ont été surprenants: capable de « fadeaways » et de « dream shake » à la Olajuwon, de contrer le grand Shaquille O’Neal au sommet de sa carrière, de devenir un pont entre les Etats-Unis et la Chine. Sa carrière s’est conclue sur une moyenne respectable de 19 points par match avec un maximum à 25 points en 2006-07 et 52,4% de réussite. Cependant, il n’a jamais gagné de titre ni de titre de MVP. Sa carrière fut courte à cause de blessures au pied et à la cheville. Mais Ming a été un all-star à chacune des 8 années de la carrière NBA et un tournant dans l’histoire de la NBA, les yeux rivés sur le marché chinois.

Dans une ligue divisée par communauté à l’image des Etats-Unis, sa stature filiforme et, disons-le, une certaine animosité à l’encontre des chinois lui ont valu des commentaires salés. C’est à Shaquille O’Neal que l’on doit des propos racistes les plus virulents. A leur première rencontre le 17 janvier 2003, il proclamât: « Dites à Yao Ming: ming, ching chong-yang-wah-ah-soh », imitation raciste du mandarin. Egalement, on lui doit: « Je suis impatient de casser le corps de ce fils de pute ». Depuis, le respect que Yao Ming a gagné par son jeu et son comportement a changé la face de la NBA. En 2012, les médias se sont jetés sur Jeremy « Linsanity » Lin, joueur américain d’origine asiatique, pour l’aduler durant quelques mois. En 2016, O’Neal et Ming sont célébrés ensembles, plus âgés, plus sages, plus respectueux l’un de l’autre.

Le sourire de Ming devenu la célèbre « troll face » lorsque Ron Artest / Metta World Peace évoque ses déboires lors d’une altercation avec des fans à Indiana

 

Shaquille O'Neal

A une époque où les ailiers et les meneurs-marqueurs monopolisent l’attention, on a du mal à imaginer un pivot écrasant le jeu. Et pourtant, Shaquille O'Neal a dominé la NBA comme Wilt Chamberlain, Bill Russell, Julius « Doctor J » Erving l’avaient fait avant lui. En 19 ans de carrière, il a réécrit certaines stratégie de la NBA (le « hack-a-shaq »), imposé le renforcement des panneaux sous peine d’être brisé par un dunk surpuissant et assumé pleinement la relation d’argent qui associent joueurs et équipes. A Orlando et Los Angeles, O’Neal était tout simplement inarrêtable en un-contre-un. A 2,15m et 150kg (plus ou moins, surtout plus, 50kg), sa productivité aurait même pu durer plus longtemps si une opération au genou gauche en novembre 2006 n’avait pas réduit sa mobilité. Poussé hors des Lakers par Kobe Bryant, la saison 07-08 fut un tournant. Son rôle fut graduellement réduit à celui d’une présence offensive dans la raquette chez Heats de Miami, les Suns de Phoenix, les Cavaliers de Cleveland puis les Celtics de Boston.

Pourtant, les résultats sont bien là: 23,7 points par match, 58,2% de réussite aux tirs et 10 fois le meilleur pourcentage de la NBA, 10,9 rebonds par match, 2,3 contres en moyenne. On lui pardonne donc ses piètres qualités au lancer franc. Les grands champions sont aussi mesurés par les titres et ils ne manquent pas à son palmarès: 4 championnats et MVP de la finale 3 fois, MVP en 2000.

On retient aussi le personnage et son franc parler. Qui d’autres que Shaq est capable de parler de sa consommation de cannabis durant sa cérémonie d’introduction au « hall of fame »? Il est aussi acteur, rapper (loin d’un Damian Lillard mais bon…), combattant MMA, officier de réserve de la police, personnage de jeux vidéo comme dans Shaq Fu et les NBA 2k, investisseur dans l’esport avec NRG Esports/CSGO et est triplement diplômé (licence en 2000, MBA en 2005, docteur en 2012).

Tout simplement, un personnage hors norme. En attendant son fils, Shareed O’Neal

Malgré sa taille et son poids, quelle grâce!

 

Allen Iverson

Physiquement l’opposé de Shaquille O’Neal, Allen Iverson n’en est pas moins un specimen physique. Relativement petit à 1,83m, son endurance (41,1min par match durant sa carrière), sa détente verticale, sa vitesse étaient telles que Michael Jordan, Tyron Lue et tant d’autres s’en souviennent encore.

Pourtant, sélectionner le prodige de Georgetown en tête de la draft 1996 n’était pas chose évidente. Rebelle, déjà incarcéré à l’âge de 17 ans, la ville de Philadelphie l’a accueilli comme un sauveur. Il a rendu sa fierté à un club en perdition, tout comme avec Ben Simmons aujourd’hui en 2016. Malgré des relations conflictuelles avec son coach Larry Brown, c’est bien à lui que « The Answer » doit le peu de discipline dont il a été capable durant sa carrière. Brown était d’ailleurs sur l’estrade lors de son discours émouvant d’intronisation du panthéon de la NBA.

Comme Yao Ming et d’autres, Iverson fait partie de ses grands joueurs qui n’ont jamais gagné de championnat. Il n’a été présent qu’à une seule en finale avec les Sixers en 2001 perdue contre les Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant. Cependant, mener à ce niveau une équipe sans autres grands joueurs méritait amplement le titre de MVP: Eric Snow, George Lynch, Tyrone Hill, Theo Ratliff, le pivot Matt Geiger puis Dikembe Mutombo (tout de même), Aaron McKey…

La fin de carrière de AI a été lente et agonisante: en pente douce avec les Denver Nuggets de Carmelo Anthony, en chute libre avec les Detroit Pistons puis quelques matches sans relief avec les Memphis Grizzlies, les Sixers de Philadelphie à nouveau et le Besiktas en Turquie. Néanmoins, ses statiques en saison régulière sont restées en moyenne exceptionnelles: 26,7 points malgré un faible 31,3% à trois points, 6,2 passes décisives. Il fut aussi capable de se transcender en phase finale avec une meilleure réussite au tir (45,1% vs 41,1%) et une productivité accrue de 3 points par match.

Comme pour Swoopes, Ming et O’Neal, le basketball doit à Iverson plus que de simples statistiques. Il a rendu acceptable la culture vestimentaire hip-hop et les tatouages dans la NBA. Son influence sur la génération actuelle de joueurs est évidente.

Et pourtant, l'entrainement compte...

 

Retrouvez les moments marquants de la cérémonie 2016 sur les médias sociaux officiels (Youtube, Instagram) et surtout, ne vous privez pas du discours de Shaquille O’Neal, surréel.

 

Portrait de MarquisDaily
MarquisDaily

Cinéphile, photoshoppeur et rédacteur en herbe

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  • Portrait de MarquisDaily
    MarquisDailyseptembre 10, 2016 22:25 PM

    Le discours de Sheryl Swoopes est enfin disponible, quelques jours après la publication de cet article.