Avant de se lancer dans l’article à proprement parler, oui, nous parlons sport, et ici football, sur Cult’N’Click. Le site a été conçu pour parler de ce que nous voulions, et en l’occurrence aujourd’hui, de la sortie de Zlatan Ibrahimovic au Parc des Princes.
Le géant suédois n’a jamais rien fait comme les autres. Doué, il n’a jamais été au-dessus des meilleurs, d’un Messi, d’un Ronaldo ou d’un Iniesta mais pourtant, il a toujours su tirer son épingle du jeu pour se construire, au fil des années, un personnage au charisme indéniable qu’on aime apprécier ou détester. Narcissique, il n’en reste pas moins un footballeur diablement intelligent, surtout en matière de communication, maîtrisée (à l’exception du triste « pays de merde »), sachant savamment flirter avec le bad buzz sans jamais s’y prendre les pieds. A 34 ans, Ibrahimovic quitte Paris qu’il a marqué d’une empreinte au fer rouge, épaulé pour cela par une équipe jouant pour lui et un club qui en fait sa vitrine, catalyseur médiatique de choix qu’il faudra remplacer pour que la marque PSG s’étale toujours autant aux yeux du monde du ballon rond, et plus encore.
Ce départ, c’est lui-même qui l’a orchestré avec un tweet marquant et digne de lui : « Je suis arrivé en roi, je repars en légende ». Du Zlatan dans le texte et un grand retentissement dans la presse et sur les réseaux sociaux vendredi. Samedi, il faisait donc ses adieux au Parc des Princes après quatre saisons et 154 buts, un record dans le club de la capitale. On s’attendait à une fête particulière mais pas à ce point. Pour ma première au Parc sous l’ère qatarie, il m’était difficile de mieux tomber.
Dans un stade acquis à sa cause, Zlatan Ibrahimovic est entré sur le terrain face à Nantes avec le brassard de capitaine, d’ordinaire au bras de Thiago Silva, premier indice fort que la soirée ne sera pas ordinaire. Zlatan n’a alors qu’un objectif en tête : battre le record de buts inscrits en championnat en une saison sous les couleurs parisiennes, 37 par Carlos Bianchi. Le Suédois n’est qu’à deux longueurs de le dépasser. Il ne lui faudra que 18 minutes pour l’égaler, avec un but peu gracieux et légèrement à contre-courant du jeu, puisque les deux plus belles occasions avaient été nantaises. Le PSG déroule et marque deux autres buts, avec un Suédois impliqué mais non finisseur. La fin du match approche. Zlatan multiplie les actions mais les rate, parfois de manière très surprenante. L’équipe lui est dévouée, parfois trop. Lucas, en parfaite position pour marquer, cherche son capitaine du jour, une fois, deux fois, trois fois, avant d’échouer. Un exemple parmi d’autres. Le temps passe et Zlatan ne marque pas ce second but, comme si le destin ne voulait pas le voir marquer un peu plus l’histoire du club parisien, lui qui a régulièrement déçu en Ligue des Champions, là où nous l’attendions vraiment. C’était sans compter sur le Suédois et le génial passeur Pastore qui lui offre un caviar sur la tête. Doublé de Zlatan, record en poche à la 89ème minute.
Le Parc en cette dernière journée de L1
La suite des événements laisse pantois. Le stade acclame son buteur. Les Nantais se mettent en place pour engager et conclure ce calvaire mais le Suédois, au milieu du terrain proche des bancs n’a pas décidé ceci. Ses enfants entrent sur la pelouse alors que le stade continue son ovation. L’arbitre semble perdu, s’approche d’Ibra, comme pour le sanctionner de faire perdre du temps, lui qui porte ses enfants dans ses bras. Thiago Silva intervient, comme pour prévenir l’homme en noir qu’une fête est prévue et que l’information n’est pas arrivée jusqu’à lui. Zlatan pose ses petits, applaudit une dernière fois le public et quitte le terrain. Nous sommes à la 89eme minute du match, qui n’est donc pas fini. Laurent Blanc a déjà fait ses trois changements (Matuidi, Luiz et Cavani sont rentrés plus tôt), le PSG va donc terminer le match à 10 car le géant suédois a battu le record de Bianchi et s’est offert une ovation digne des plus grands. Pourquoi revenir sur le terrain et aller se placer en pointe pour 4 minutes de jeu alors que le PSG mène 4-0 et qu’il peut s’offrir une sortie qui marque ? Une nouvelle fois, Zlatan fait ce qu’il veut, Zlatan s’éloigne des conventions, Zlatan savoure son moment, lui, qui, par son charisme évident, sa stature et le fait d’avoir dix lieutenants derrière lui, était déjà le seul vraiment visible sur le terrain, comme s’il hypnotisait le Parc, génie prestidigitateur.
Le match s’arrête quelques minutes plus tard, sur cet énième large succès, devant un public incrédule, surpris d'avoir vu son équipe terminée à 10. Place à la fête à présent, pour les 45 ans du club et ce nouveau titre de champion de France acquis. Mais c’est la soirée de Zlatan avant tout, ne l’oublions pas. Quand chaque joueur est appelé afin de récupérer son trophée, certains prennent la parole, comme Verratti, d’autres sont simplement accueillis, voire même cordialement rabaissé dans le cas d’Aurier (expédié sous les sifflets du public). Le départ de Van Der Wiel est acté par le biais d’une vidéo revenant sur la carrière du joueur sous les couleurs parisiennes. La cérémonie se termine par Zlatan, dans un brouhaha indéniable. Le président Nasser Al-Khelaïfi lui adresse quelques mots, confirmant notamment qu’il est arrivé en roi et qu’il repart en légende. La direction en fait tellement que le supporter parisien en arrive à se demander pourquoi le laisser partir dans ce cas. L’attaquant prend alors la parole et souhaite au club « de gagner beaucoup de titres, même si c’est plus dur de gagner sans Zlatan », une dernière pour la route. On en attendait pas moins.
La soirée se termine ensuite par une ultime preuve de l’omnipotence du joueur : il soulève le titre de champion de France, sous les yeux de Thiago Silva qui aurait dû avoir cet honneur en tant que capitaine toute la saison. Mais peu importe, c’est Ibra. Ses anciens coéquipiers ont toute la saison prochaine pour sortir de son imposante ombre.
Crédit photo d'en-tête : Franck Fife, afp.com
Je n'aime pas le football, ni le sport en soi, ni le spectacle qui l'offre. Mais il faut bien admettre que cette soirée au Parc des Princes a du être vraiment spéciale.